• GLOZEL : 90 ans

     

    Je voulais vous parler de ce site archéologique du Bourbonnais  et de ce musée depuis longtemps. Je voulais me faire une idée à travers de nombreuses lectures de "pour", de " contre."

    Quand j'étais élève à l'école primaire de mon village , on nous présentait Glozel comme un grand site bourbonnais. Je n 'aurais donc  pas été très  objective sur ce sujet .

    Il est interdit de photographier l'extérieur et l'intérieur de la maison devenue un musée  ( Glozel est un hameau de la commune de Ferrière sur Sichon )

    Je vous laisse donc faire la visite du musée  ici  ou  , où vous trouverez des photos et d'intéressants liens . 

     

    Je viens  de lire  un article dans " Valeurs actuelles " qui résume bien la controverse qui dure depuis longtemps  et l'Histoire de Glozel ( 25 km  environ de Vichy ). J'ai acheté la version numérique et je vous mets l'article dans son intégralité .

     

     

    La découverte , il y a 90 ans , d'un site archéologique par un paysan de l’Allier fut à l’origine d’une des plus retentissantes controverses archéologiques du XXe siècle. Aujourd’hui négligé des institutions culturelles, Glozel reste encore un mystère.

    À 25 kilomètres au sud-est de Vichy, entre Roanne et Clermont-Ferrand, en pleine montagne bourbonnaise, peu avant la commune de Ferrières-sur- Sichon, un petit panneau, au bord de la route, indique: “Musée de Glozel”.Une voie étroite, quelques fermes et, soudain, nous y sommes : un modeste corps de ferme en pierres apparentes. À l’intérieur, une vaste salle ornée de vitrines abritant quelque 3000 objets en argile, en pierre et en os, dont un grand nombre de pièces gravées de motifs animaliers et-ou de signes mystérieux évoquant une écriture.

    À l’arrière du bâtiment, un jardin. Et, derrière le jardin, un long et raide sentier qui dévale à travers près vers le Vareille, ru tributaire du Sichon, lui même affluent de l’Allier. À mi-chemin, jaillissant d’un repli du terrain, une source qui se déverse dans ce ruisseau. Puis la pente s’adoucit en une sorte de terrasse jusqu’au fond de la vallée. Nous sommes arrivés au“champ des morts”, d’où fut extrait, pour l’essentiel entre 1924 et 1936, l’ensemble du matériel exposé au musée. L’extraction de ce matériel provoqua, en son temps, une retentissante controverse impliquant non seulement les plus grands noms de l’archéologie, de la paléontologie, de la géologie et de l’épigraphie, mais aussi ceux de la presse, de la politique et du barreau, opposant partisans et adversaires de l’authenticité du site. Une controverse ponctuée de violences, de rumeurs et de procès. Durant plusieurs années, la France se divisa entre“glozéliens”et“antiglozéliens”. On a pu parler d’“affaire Dreyfus de l’archéologie”.

    Puis les passions retombèrent. Au lendemain de la guerre, Glozel sombra peu à peu dans l’oubli.À  de rares exceptions près, les pouvoirs publics s’en désintéressèrent. Le 90e anniversaire, cette année, de la découverte du site ne figure pas sur la liste des commémorations nationales. C’est que Glozel constitue, à bien des égards,un casse-tête archéologique.Au point,peut-être, de gêner.

    Tout a commencé le 1er mars 1924. Ce jour-là, alors qu’il laboure un de ses champs en compagnie de son père et de son grand-père, un jeune paysan de 17 ans, Émile Fradin, voit soudain un des boeufs de la charrue s’enfoncer brusquement dans une cavité.En tirant l’animal, deux briques surgissent. Intrigué, il commence à piocher et tombe sur une fosse ovale aux parois garnies de briques,avec un sol couvert de dalles d’argile. Celle-ci contient des ossements humains, des instruments en pierre ou en os, des fragments de céramiques. Les jours suivants, avec son père, son grand-père et des voisins, Émile entreprend de creuser autour de la fosse. Il en retire, notamment, une tablette gravée de dessins et de signes bizarres. La nouvelle se répand et attire sur place une foule de curieux. Parmi eux, l’institutrice de Ferrières-sur-Sichon, Adrienne Picandet, qui rédige un rapport qui est remis au président de la Société d’émulation du Bourbonnais, Benoît Clément, lequel, mandaté par l’inspecteur d’académie de Moulins, entreprend des recherches plus systématiques. Ramenant à la surface de nombreux autres objets, il en envoie à Louis Capitan, l’un des maîtres de la préhistoire de l’époque, et garde les autres. La presse locale commence à parler de Glozel. Au printemps 1925,Clément présente à la famille Fradin un médecin de Vichy féru d’archéologie gallo-romaine, le Dr Antonin Morlet. Convaincu, au regard des pièces récoltées jusqu’ici, de l’intérêt du site,ce dernier loue le champ des Fradin,à charge pour lui d’organiser des fouilles, de répertorier et de photographier à des fins de publication tout ce qui y sera trouvé.En contrepartie, le matériel mis au jour reviendra au propriétaire du terrain, autrement dit aux Fradin.

    Le jeune Emile Fradin dans son musée ( extrait du net )

    Accompagné de Lucien Mosnier, archéologue correspondant de la commission des Monuments historiques, le Dr Morlet vient fouiller deux à trois fois par semaine à Glozel. Mais les deux hommes se heurtent,bientôt,à Capitan qui veut s’approprier la découverte du gisement, qu’il juge «merveilleux ». Constitué, en partie, de fosses funéraires — d’où le nom de “champ des morts” qui lui est, alors, donné—, celui ci semble,en effet, remonter non à l’Antiquité mais au néolithique, voire au mésolithique (fin du paléolithique). Mais refusant la férule du célèbre préhistorien, Morlet s’en fait un ennemi irréductible. Un ennemi qui entraîne bientôt derrière lui toute une partie de la communauté scientifique. La bataille de Glozel commençait.

    Devenu internationalement célèbre, Glozel reçoit même, en 1926, la visite du roi Ferdinand Ier de Roumanie.

    À l’automne 1925, la presse nationale s’empare de l’affaire. Fin juin 1926, Joseph Tricot-Royer, maître de conférences à l’université de Louvain (Belgique), établit un premier bilan des vestiges extraits. Parmi les plus extraordinaires, il relève «une véritablebibliothèque néolithique de plus de cent tablettes à caractères alphabétiformes ; une céramique curieuse tant par sa variétéqueparsanature,et dont le type le plus intéressant porte un masque muet et des signes d’écriture ; des galets gravés de signes avec représentations animales, dont certaines d’un art consommé, défiant toute imitation [...] ; et enfin la série des objets en os ou en bois de cervidé, que l’on rencontre dans tous les musées de préhistoire».

    Désormais véritable curiosité, Glozel reçoit même la visite du roi Ferdinand Ier de Roumanie. Et excite les passions. D’emblée, l’essentiel de la polémique porte sur ces“signes”alphabétiformes faisant penser à une protoécriture. Comment de tels signes pouvaient- ils se retrouver sur du matériel néolithique ou mésolithique européen ? Une hérésie susceptible de remettre en cause tout à la fois la chronologie et le foyer d’origine communément admis de l’écriture : 3500 avant notre ère et l’Égyptepour l’écriture hiéroglyphique, Sumer pour l’écriture cunéiforme ; le XIIIe siècle avant Jésus- Christ pour le premier alphabet phénicien(découvert en 1923 par Pierre Montet sur le sarcophage du roi de Byblos, Ahiram). Et, partant, une hérésie pouvant ébranler la théorie “diffusionniste”, selon laquelle la “civilisation” se serait diffusée en Europe à partir du Proche-Orient. Autrement dit, un véritable scandale aux yeux de certains. Pour ces derniers—comme lepréhistorien André Vayson de Pradenne ou l’épigraphiste René Dussaud —, il ne peut s’agir que de faux.Cependant,une écriture similaire avait été découverte en 1891 sur le site protohistorique d’Alvão, auPortugal (ce qu’ignoraient Fradin et Morlet). D’autres, plus nuancés — à l’instar de Camille Jullian —, croient reconnaître une écriture cursive d’époque gallo- romaine.

    Contre les détracteurs de Glozel, le Dr Morlet invite le monde savant à venir sur place participer aux fouilles en toute liberté. Tous ceux qui répondent à son appel repartent convaincus de l’authenticité et de l’importance des pièces exhumées. Parmi eux, Salomon Reinach, conservateur en chef du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, adversaire résolu du “diffusionnisme”, sera l’un des plus ardents avocats du site. En réaction aux conclusions négatives—et hâtives — du rapport d’une commission internationale constituée, sous la direction de Louis Capitan, d’adversaires déclarés de Glozel—dont l’un des membres, la Britannique miss Garrod, fut même surpris en train d’introduire sur le chantier des objets fabriqués récemment afin de le discréditer —, douze préhistoriens, archéologues, anthropologues et géologues créent un comité d’études qui fait procéder à des analyses méthodiques attestant du sérieux des découvertes.

    Pourtant, les détracteurs de Glozel ne désarment pas. Ils accusent Émile Fradin d’être un faussaire. Celui-ci assigne l’un d’eux—René Dussaud—en diffamation. Mais, bientôt, apprenant qu’il fait payer 4 francs aux visiteurs du petit musée qu’il a installé dans sa ferme, la Société préhistorique française (SPF) porte plainte contre X pour “escroquerie”. Une brutale perquisition est menée, contre toute règle, sous la conduite du plaignant — le Dr Félix Régnault, président de la SPF—, chez les Fradin.À quelque temps de là, le grand père d’Émile, Claude, est roué de coups par un sous-lieutenant de spahis en civil. À l’issue de trois ans et demi de procédures aux rebondissements multiples, Émile Fradin obtient finalement gain de cause en juin et juillet 1931. Cinq ans plus tard, le Dr Morlet ferme le chantier, laissant aux générations futures le soin de le rouvrir. Jusqu’à sa mort, en 1965, il se consacrera à la recension et à la description exhaustive des pièces exhumées et réunies dans le musée.

    Depuis 1983, l’État refuse de nouvelles fouilles qui, seules, pourtant, seraient susceptibles de lever un voile du mystère.

    L’affaire de Glozel rebondit en décembre 1974, lorsque la revue d’archéologie britannique Antiquity publie les résultats d’analyses par thermoluminescence effectuées par une équipe d’archéophysiciens danois, écossais et français sur des céramiques (avec des signes alphabétiformes ou non) du site. Attestant, de façon irréfutable, l’authenticité de celui-ci, ces résultats font apparaître une datation comprise entre —700 et la fin du premier siècle de notre ère, semblant ainsi recouper la déduction de Camille Jullian sur l’origine gallo-romaine de l’écriture de Glozel.Le problème est que l’ensemble du site ne correspond guère à ce que l’on connaît du milieu culturel gallo-romain. En outre, d’autres datations au carbone 14 effectuées sur des objets en os portant des inscriptions identiques à celles des céramiques renvoient au magdalénien, il y a quelque 16 000 ans. On le voit, l’énigme se complique.

    Le ministère de la Culture autorise de nouvelles fouilles en 1983, dont on attend toujours un rapport complet. Seul un bref résumé en a été publié en 1995, concluant à... une occupation gallo-romaine et même médiévale. Émile Fradin est mort en 2010,à l’âge de 103 ans. Entre-temps, il aura reçu les palmes académiques, mais l’État refuse toujours de reconnaître son musée. De même qu’il refuse la reprise des fouilles qui, seules, pourtant, permettraient de lever un voile du mystère. Reste une certitude : la sacralité qui se dégage du “champ des morts”, aujourd’hui envahi par la végétation.

    (Article extrait de la revue " Valeurs actuelles " )

     

    Au village , Monsieur Fradin a donné son nom à l 'école ou ancienne école.

    Encore beaucoup de mystères à éclaircir , peut-être , si vous voulez vous plonger dans l'archéologie !

     


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