•  comme orvée pour la Ch'tite Gâte 

    La Ch'tite Gâte n'aime pas vraiment le 1er janvier depuis son enfance. Et voici , un premier janvier, parmi d'autres, tel qu'elle se souvient.

    Premier janvier 1954: 

    Il faisait froid. Mais la cuisinière à bois chauffait bien la pièce principale qui était une grande cuisine. Il y avait un peu de glace aux vitres des chambres. Mais l'édredon nous protégeait bien du froid.

    La Ch'tite gâte avait décidé de ne pas se lever. Pas de réveillon la veille pourtant, mais elle voulait rester planquée sous son gros édredon de plumes, fait maison.

    La Tonine est  venue lui dire: "leve te don pa nous dire bounne an- née . T'as t'y bintôt fini de fare ta berdine ! ".

    La Ch'tite gâte s'est levée, a fait une bise à ses parents et à son frère ( La Louisette , sa soeur, n'était pas encore née ),leur a murmuré trois mots et est repartie sous son édredon. Elle avait quand même pris un livre pour ne pas s'ennuyer.

    Pourquoi ne voulait-elle pas se lever ? Elle le savait très bien et elle en trouvait des raisons bonnes ou mauvaises...

    La première raison était qu'Arthur allait venir "souhaiter la bonne année " chez ses parents. (Ben oui, en Bourbonnais on ne présente pas ses voeux. Au milieu des bouchures, on se souhaite la bonne année)

    Arthur était le charretier de la scierie voisine. La Ch'tite gâte le trouvait effrayant : il était très grand , ses vêtements sentaient l'odeur du cheval. Il avait une chambre chez ses patrons, mais dormait souvent près de ses chevaux. Pour la Ch'tite gâte, c'était un diable, un sorcier. Que d'aventures rocambolesques,elle a fait vivre à Arthur,dans sa tête. Il avait toujours le rôle du méchant.

    Et la Ch'tite Gâte ne voulait pas faire la bise à Arthur. Un point c'est tout !

    Enfin, à 10h , le Piarre est venu élever la voix .Et le Piarre " o save ben causer quand vou falle et ol a gardé un bon reste de ça ! ".  Donc Le Piarre ouvre la porte de la chambre et crie: " T'vas t'y te lever,oui ou non. Faut qu't 'sieu à la messe de onze heures "

    Les autres fois, La Ch'tite Gâte aimait bien aller à la messe ou au caté. Mais le 1er janvier, c'était différent.

    En effet, notre vieux curé , le Chanoine comme on disait, avait l'habitude d'être très exigeant le premier janvier,encore plus que d'habitude. 

    La Ch'tite gâte s'est levée ( on obéit au Piarre dans la maison ), s'est "décrassée un peu le museau " et a filé à la messe. A la messe , rien de spécial! Mais la corvée était pour la fin.

    Les enfants du caté allaient tous " souhaiter la bonne année au Chanoine G.." .

    La Ch'tite Gâte s'avance la première et dit : " Bonne année et Bonne santé, Monsieur le curé ! ". Ah , c'est sûr que le chanoine ne lui fait pas la bise ni même un sourire.Il s'écrie, en colère" Vas-tu me souhaiter la bonne année correctement ! "

    Et voilà , La Ch'tite Gâte obligée de réciter la formule correcte que bien sûr,elle connaît : " Bonne année, bonne santé, Monsieur le curé et le paradis à la fin de vos jours ! " Et là, c'était parfait.

    L'après -midi du 1er janvier, La Ch'tite Gâte réussit à se planquer plus ou moins. Mais elle sait qu'elle doit aller souhaiter la bonne année aux patrons de la scierie : La Bertine et Le Touènne (encore un Touènne ). Elle aime beaucoup ces gens qui le lui rendent bien. Mais le premier janvier, c'est différent .

    Avec son frère, elle va donc chez Le Touènne et La Bertine. A eux le "Bonne année , bonne santé" suffit. La Bertine leur donne une piéce de cent sous , une orange et un paquet de crottes de marquis. Des étrennes, c'est la joie ! Mais il y a ensuite, un rite obligatoire. Et là, problème!

     

     

     

    La Bertine va chercher sa bouteille de liqueur de cassis fait maison et sort des verres : "Allez, faut bouère ane ch'tite goutte din de l'iau ". La Ch'tite gâte déteste ce breuvage comme elle déteste le vin dans l'eau et l'alcool en général.

    A-t-elle des goûts bien affirmés ? Non ! Mais le Touènne, son grand-père, lui a dit, un jour , quand elle avait environ 5 ans : " Ma Ch'tite , si t'peux, ne boué pas de vin. Oué pas do bon butin ! " Et les leçons de ce genre du Touènne sont devenues "paroles d'évangile " pour la Ch'tite gâte .

    Elle refuse la ch'tite goutte. Mais La Bertine lui prépare un verre en lui disant: " ça t'fera pas de mal. Oué le premier de l'an! " Et La Ch'tite Gâte boit son verre de liqueur de cassis dans l'eau avec autant de plaisir qu'elle buvait l'huile de foie de morue.

    La journée s'est écoulée.  La Ch'tite Gâte a bien dû se planquer quelques autres fois dans la journée. Le Piarre l'a bien fait sortir de sa chambre deux ou trois fois.

     

     Le Piarre , tous les premier janvier, lui disait " Arrête -te  dont un peu de faire ta tête de cochon ! "

    La formule du Touènne, son grand-père était; " T'es ma ane p'tite tête à manger des glands"

    Et maintenant, elle n'aime toujours pas trop le premier janvier. Mais elle considère que " Bonne Annéeest une marque d'amitié qui permet de rester en contact ou de reprendre contact   avec sa famille, ses amis. Mais qui saura si l'année sera bonne et ce qu'elle nous réserve ?

    Moi, je vous souhaite une "Bounne An-née et une Bounne Santé" pour vous dire que je pense à vous tous et vous remercie de vos commentaires tout au long de l'année. Mettez dans ces mots en vert espérance,  tout ce que vous désirez pour 2016.

    Corvée pour La Ch'tite Gâte ( souvenir )

     

    Année 1954, en France : Voir ici 

     

     Les sabots d'Hélène écrits par Brassens en 1954. Ecoute ici avec vidéo  

    Et enfin "Le Déserteur " par Serge Reggiani que La Cht'ite chantait à l'époque, avec en prélude " Le dormeur du Val de Raimbaud "

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    48 commentaires