•  comme nfant en Août 1944 en Montagne Bourbonnaise ( 25 km de Vichy )

    Je ne vais pas  mettre sur mon blog , tous les témoignages de 1944 . Mais j'ai trouvé que le témoignage du jour du journal "La Montagne "  venant d'enfants habitant , à l'époque ,    au Mayet de Montagne  , était intéressant .Le Mayet est situé en montagne bourbonnaise .

    Je mets également , en deuxième partie , un article sur "La journée  du  gouvernement de Clermont-Ferrand en 1940 " qui aide à comprendre l'arrivée du gouvernement à Vichy .

     

    1944 en Montagne Bourbonnaise

     

     

     

     

    14 août 1944. La famille Rebiron se rend à la foire du Mayet-de-Montagne pour vendre une bête. Comme tous les lundis matin, la place est noire de monde. Maman Rebiron a décidé d'en profiter pour emmener ses trois enfants chez le photographe. Marie-Thérèse, 5 ans, Fernand, 8 ans, et Lucien, 11 ans, sont apprêtés comme jamais. Noeud dans les cheveux pour la benjamine, chemise, cravate et souliers vernis pour les deux frères. Endimanchés pour un cliché souvenir. L'aîné Lucien, surtout, n'est pas prêt d'oublier le jour de cette photographie.

    « Papiers ! Papiers ! »

    « Ce matin-là, notre mère nous a emmenés au studio Yrondy, sur la place de l'église, dans le haut du bourg. Quand la photo a été prise et qu'on est ressortis, il y avait des attroupements. On voyait des gens pressés, un peu inquiets. » Dans le bourg, c'est la cohue. Un vent de panique souffle sur le chef-lieu de la Montagne bourbonnaise. Les Allemands ont investi les lieux.  On a entendu : "M me Rebiron, ne restez pas là ! Il ne faudrait pas que les Allemands vous prennent vos enfants". Puis ma mère a discuté avec un monsieur. » La petite famille descend quatre à quatre en direction de la pharmacie Hamelot. « Nous, on suivait notre mère, on ne savait pas bien ce qu'il se passait. »

    En fait, les soldats allemands ont eu vent de la présence de maquisards dans la commune. Ils sont sur leurs traces et bloquent toutes les issues du Mayet. Les sommations allemandes raisonnent sur le pavé : « Papiers ! Papiers ! »

     

    « Elle nous a confiés à la pharmacienne car on n'avait pas nos papiers d'identité. Et on nous a emmenés derrière, dans un petit hangar où ils stockaient les médicaments. Ma mère nous a dit : "Ne touchez à rien, sucez vos bonbons et ne sortez pas d'ici". » « Je me souviens être entré dans cette petite pièce sombre », se remémore Fernand. Placés en sécurité, les trois enfants Rebiron mâchouillent leurs sucreries sans piper mot. « Il y avait du bruit dehors. On ne parlait pas. Je me rappelle qu'on avait peur que les Allemands viennent nous chercher. »

    Une heure plus tard, maman Rebiron ouvre la porte du stock de la pharmacie. Soulagée. La famille rentre chez elle, au lieu-dit Chez Gentil. Les Allemands ont libéré les lieux. Sans avoir mis la main sur les maquisards…

    Julien Moreau

     

    Clermont-Ferrand , capitale de la France pendant une journée , en

    1940

     

    1944 en Montagne Bourbonnaise

     

    Clermont n’a pas simplement été la capitale des Gaulois. En juin 1940, en pleine débâcle, la ville est restée, l’espace d’une journée, capitale de la France. Avant qu’on ne lui préfère Vichy.

     

    Le 22 juin 1940, la France entre dans une nouvelle ère. L'armistice qui vient d'être signé divise le pays en deux grandes zones : au nord, une zone occupée, et au sud, une zone libre que va devoir gérer le gouvernement français. Paris étant en pleine zone occupée, la France va devoir se choisir une nouvelle capitale. Et c'est la question qui préoccupe le gouvernement en exil à Bordeaux en cette fin juin 1940. On pense un temps à Bordeaux, puis Marseille, Toulouse, Nice et Cannes sont aussi envisagées, mais c'est alors Clermont qui apparaît comme une candidate sérieuse : position centrale, liaisons routières et ferroviaires, population calme, fiabilité du préfet Peretti de la Roca, proximité des hôtels de Royat susceptibles d'accueillir les ministères.

    Le 20 juin, on apprend pourtant que les Allemands sont déjà à Clermont, et que la ville est envahie de réfugiés. Pierre Laval, qui va s'imposer comme l'homme fort du futur gouvernement collaborationniste peut alors avancer sa carte : Vichy. La ville présente de nombreux avantages : position centrale, bonne liaison avec Paris, immense capacité hôtelière, central téléphonique moderne…

    Ce sera donc Vichy… Ce qui n'empêchera pas Clermont de connaître sa courte heure de gloire : en route pour Vichy, le gouvernement arrive à Clermont le 29 juin. Le maréchal Pétain s'installe à la villa Michelin et les ministères prennent leurs quartiers : le ministère de la Guerre s'installe à Chamalières, celui de l'Intérieur à la préfecture, celui de la Marine à l'institut Monange, l'Aviation à l'école Fénelon, la Justice au palais de justice, le ministère des Colonies à l'école hôtelière, les Affaires étrangères au lycée Blaise-Pascal, le commissariat à l'Information au siège du journal La Montagne… Le lendemain, le gouvernement part pour Vichy, à 55 km. La ville va rester quatre ans capitale de la France.

    Article du journal du 30 juin  1940

    Ce « billet » paru en pages intérieures de La Montagne du dimanche 30 juin 1940 résume l'ambiance de la journée.

    « Clermont a connu les heures fiévreuses et tourmentées de la retraite et du désastre. Puis sont venues les tragiques minutes où la guerre fut proche de nos portes, où le canon tonna dans le ciel d'Auvergne. Depuis hier, Clermont, appelée à de nouvelles et hautes destinées, connaît une autre vie, une autre activité, arbore un nouveau visage.

    Promue au rang de capitale, notre cité va-t-elle emprunter à Paris un peu de sa grandeur ? Déjà, les luxueuses voitures officielles sillonnent la ville parées de leur cocarde tricolore. […] Mais voici que la foule s'amasse place de Jaude. Une forte voiture au fanion tricolore roule silencieuse, stores baissés. "Le maréchal Pétain !" On le murmure. Qui l'a dit le premier, personne ne sait. À Royat, même animation. Les gendarmes sont postés le long des avenues, à l'entrée des grands hôtels. Par une fenêtre on voit des hommes s'affairer. On organise en hâte des bureaux. Des classeurs verts prennent place dans leurs casiers. Tout doit fonctionner.

    Vingt heures. Ils sont là. La place de Jaude ne se vide pas. Les longues autos noires se multiplient. La nuit descend pour la première fois sur Clermont capitale de la France. Émotion ? Curiosité ? Peut-être moins qu'on pourrait le croire. Tant de choses ont passé, tant d'épreuves ont été subies et tout cela est si proche qu'une sorte de lassitude s'étend sur les esprits. Aujourd'hui, Clermont, lavée de ces heures sans gloire, se réveille dans son nouvel ordre pour sa nouvelle mission. »

     

     

     

     

     



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