Au fil d'une balade revigorante dans les prés de son exploitation, 117 hectares, Gérard Vernis nous montre de quel bois il se chauffe : le sien.
Le concept est simple comme bonjour. Encore fallait-il y penser. Depuis trois ans, cet éleveur charolais alimente la chaudière de sa ferme, à Franchesse, dans l'Allier, avec cette matière première toute trouvée. « L'évidence », en effet, puisque ce bois provient, tout simplement, des haies de son domaine agricole.
De quoi chauffer sa maison à l'annéeFace à nous, un agriculteur heureux : « Franchement, le système fonctionne très bien ! Je réalise de belles économies d'énergie. »
C'est pareil pour tout le monde. Dès que l'hiver se pointe, la facture de chauffage – fioul, gaz ou électricité – grimpe en flèche. L'éleveur a pris le taureau par les cornes pour arrêter de saigner son budget. D'accord, il lui a d'abord fallu débourser 20.000 € pour équiper sa maison de la chaudière adéquate : « Mais cet investissement sera très vite rentabilisé. Le chauffage au bois est nettement moins onéreux que le fioul que j'utilisais auparavant. » Économique, donc. Et sans aucun effort de sa part.
La Cuma de drainage bourbonnais se déplace sur son exploitation pour tailler et broyer les haies ainsi transformées en plaquettes de bois : « Avec une petite heure de broyage, j'obtiens 45 m ³ de plaquettes, soit de quoi chauffer ma maison pour un an. Le tarif : 390 € ! Beaucoup moins cher que les 3.000 € que je passais chaque année dans le fioul. »
Pour mettre son projet à exécution, Gérard Vernis a reçu le soutien précieux de la Mission haies Auvergne. Cette association nationale, rattachée à l'Union régionale des forêts d'Auvergne, lui a organisé un plan de gestion très précis.
Grâce à ce programme rigoureux, il sait exactement quelles haies de son exploitation il va faire tailler et quand il va les faire tailler : « L'objectif, c'est évidemment qu'elles poussent et repoussent harmonieusement, explique-t-il. Je suis à fond dans une démarche d'environnement et d'économie durables. »
Heureux de la nouvelle PACUne façon, pour cet éleveur bio, d'affirmer encore davantage sa fibre écolo. Les haies sont comme la prunelle de ses yeux : « Malheureusement, beaucoup d'entre elles ont été arrachées dans un passé encore récent. Ou sont taillées n'importe comment. Ce qui finit par les faire crever et, par voie de conséquence, par faire disparaître le paysage bocager. » Alors il considère que la nouvelle PAC 2015-2020 visant à les protéger, à les valoriser, « va dans le bon sens ».
Si vous vous baladez dans la campagne de Franchesse, dont il est aussi le maire, Gérard Vernis vous prouvera par A+B que les haies peuvent contribuer à la performance économique et environnementale des exploitations agricoles, en permettant la production de bois et de biomasse. Mais aussi en protégeant la biodiversité, l'eau, le sol, le paysage…
Antoine Delacou
Mission Haies Auvergne
A lire ici , si vous voulez en savoir plus et là
Déchiquetage du bois:
http://www.cbd-environnement.fr/174_Dechiquetage-de-bois.html
Gestion du bocage du bord des routes de l'Allier
Avec de nombreuses photos et explications là
Un peu de musique :
Du côté de Franchesse , on doit pouvoir entendre aussi Patrick Bouffard en Trio
"Un jour, on se promène" extrait de Force Mineur
Ce qu'il ne sait pas c'est que son chauffage ne vaut pas un bon post d'ALN03, allez au boulot !! :) lol