•  comme dolescent à Vichy en 1944

    Comme je vous ai parlé de Vichy pendant la deuxième guerre mondiale , il y a peu , j'ai pensé que ce témoignage de Monsieur Chavenon qui était  adolescent à Vichy en 1944 ,pourrait vous intéresser .

    C'est pourquoi je mets, dans son intégralité ,   cet intéressant article paru dans le journal La Montagne du 29/07 /2014 . Merci à Monsieur Louis Chavenon pour son témoignage .

     

     

     Cet été, une fois par semaine, nous remontons le temps jusqu’en 1944. Aujourd’hui, rendez-vous à Vichy grâce aux souvenirs d’enfance de Louis Chavenon.

     

     

    Louis Chavenon habite Vichy depuis presque quatre-vingts ans. Et c'est à Dax qu'il va en cure. Dans les Landes, à la foire aux vieux livres, il a trouvé l'ouvrage qui vient de faire remonter ses souvenirs de 1944. Dans La Fin du régime de Vichy de Walter Stucki, alors ambassadeur de Suisse à Vichy, Louis Chavenon a retrouvé la trace de l'adolescent de 1944.

    Facteur, son père Francis Chavenon est alors veilleur de nuit au ministère des PTT, Castel Flamand, rue de Belgique dans le Vichy de l'État français. Né en 1929, le « p'tit Louis », comme on le surnomme encore aujourd'hui, n'était plus un enfant dans les dernières années de la guerre. Il travaille déjà, comme apprenti dans un magasin de musique, chez M. Maltet rue du Portugal.

    « Il était gentil, il payait 
    le champagne »

    « Je l'accompagnais à l'hôtel du Portugal, au siège de la Gestapo. Il me disait de bien écouter aux portes tout ce qui se disait pendant qu'il accordait le piano du chef des SS. Après, je devais lui raconter. Il faisait partie de la Résistance, mais moi je ne savais pas. Ce SS, c'était un sacré musicien, c'était un monsieur. Il essayait le piano puis offrait le champagne à mon patron. J'étais très impressionné, il était gentil avec nous. Après, j'ai eu du mal à comprendre comment ils pouvaient être si gentils et faire ce qu'ils avaient fait. Sur le moment, on n'y pensait pas. C'est après. » Soixante-dix ans plus tard, Louis Chavenon n'a plus en tête le nom du SS pianiste. S'agissait-il de Hugo Geissler, chef de la police du parti nazi à Vichy, pas vraiment réputé pour être un enfant de choeur ?

    Dans le livre de Stucki, qui négocia avec les Allemands pour éviter le saccage de Vichy fin août 1944, l'ancien torréfacteur de café (avenue de Grammont) s'est arrêté sur plusieurs images.

     

    Notamment une photo qui renvoie à d'autres images de guerre. Dans la nuit du 25 au 26 août, les Allemands quittent la ville en abandonnant divers matériels dans la rue : « Ça se passait juste au coin de la rue de Belgique, il y a eu des coups de feu pendant la nuit. Il y a même des impacts sur le mur du Castel Flamand. Mon père est rentré à la maison à 6 heures du matin puis il a dit : "je redescends vite avec la remorque et le petit Louis car les Allemands ont laissé plein de choses". Quand on est arrivé, il y avait déjà des gens : on a trouvé des pâtes, du riz, du café, de l'huile. Mais pas par terre, dans les camions. Dans un coffre, il y avait des pistolets. J'en ai pris trois ou quatre, avec les chargeurs. Après je m'en suis débarrassé. On a ramené une pleine remorque Michelin de victuailles. »

    À 14 ou 15 ans, on ne regarde pas son présent comme un adulte. Pétain, le « p'tit Louis » n'avait pas une mauvaise image de lui. « Les enfants, on allait le voir. Il m'a même donné des cigarettes, une fois. Il y avait toujours des gamins rue du Parc, quand on est gamin on est un peu bêta, on suit le mouvement. Pétain, je pense qu'il était quand même bien vu. Le dimanche matin, il sortait sur le balcon, il y avait beaucoup de monde. Il serrait la main des gens dans la rue, il ne faisait pas le fier. »

    Son frère au maquis

    Dans les derniers moments de la guerre « on avait peur des Allemands… et de la milice encore pire », lâche Louis. Par exemple le jour de la naissance de son frère Pierre, le 5 avril 1944, le dixième enfant de la famille. « Vers 10 heures du soir, j'ai dû aller chercher mon père à son travail, sans penser au couvre-feu. J'ai sauté sur le vélo, j'ai traversé les parcs puis je suis tombé sur les Allemands qui bloquaient la route avec leurs barbelés. J'ai dit aux miliciens que j'allais chercher mon père et ils m'ont accompagné. » Le temps d'arriver, sa maman Yvonne avait déjà été transférée à l'hôpital.

    Puis il y a d'autres photos, cette fois après la Libération de Vichy. « Mon frère Hubert il est là, j'ai fait une croix dessus. Il est de 1925. Il était au maquis de la Bosse quand ils ont libéré Vichy. » Sur une autre image, la foule se presse devant l'hôtel des Ambassadeurs. « On y était avec mes parents, c'était l'euphorie », assure l'octogénaire, avec le sourire heureux du p'tit Louis.

    Philippe Cros


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