•       comme adame de Sévigné aux eaux thermales de Vichy

     Madame de Sévigné est allée dans de nombreuses villes thermales.

    Comme j’étais  en cure thermale à Vichy ,  j’ai eu envie de m’intéresser au cas de la célèbre marquise d’autant plus qu’un bâtiment historique de Vichy s’appelle Pavillon Sévigné . Les  lettres  sur Vichy ne sont qu’un grain de sable dans ses nombreux écrits. J’ai feuilleté les 3 volumes de la Pleïade consacrés aux lettres de la Marquise. Chaque volume a plus de 1500 pages.

     

    La Marquise de Sévigné aux eaux thermales de Vichy

    Gravure extraite du livre: Madame de Sévigné aux Eaux de Vichy  par Arlette de Bennetot -Edité par la Compagnie Fermière 

    Marie de Rabutin - Chantal, devenue Marquise de Sévigné par son mariage avait une santé que tous lui enviaient. Mais, en 1675,alors qu'elle séjournait à Vitré en Bretagne et qu'elle s'apprêtait à franchir le cap de la cinquantaine, elle perdit pratiquement l'usage de ses mains par un mal qu'elle appela tout d'abord "un bon petit rhumatisme". Elle absorbe de " l'Eau de La Reine de Hongrie ". Mais enflure et fièvre persistent .

    Elle rentre à Paris et d'après des écrits, son médecin lui aurait conseillé les thermes de Bourbon l'Archambault. Mais sa fille , Madame de Grignan lui aurait conseillé Vichy.

    Donc, le 11 mai 1676, Madame de Sévigné , couverte de " peaux de liévres " quitte la capitale en carrosse. Elle mit sept jours pour arriver à Vichy où elle fit , selon ses dires " une entrée triomphale ".

    QUELQUES LETTRES ECRITES de Vichy pour sa fille et divers amis (des extraits choisis et la lettre complète en lien,  aprés les extraits )

    Prendre les eaux : Boisson

     Lettre du 20 mai 1676

    "J'ai donc pris des eaux ce matin ; ah, qu'elles sont méchantes ! On va à six heures à la fontaine : tout le monde s’y trouve, on boit, et l’on fait une fort vilaine mine ; car imaginez-vous qu’elles sont bouillantes, et d’un goût de salpêtre fort désagréable. On tourne, on va, on vient, on se promène, on entend la messe, on rend les eaux, on parle confidemment de la manière qu’on les rend ; il n’est question que de cela jusqu’à midi. Enfin, on dîne ; après dîner, on va chez quelqu'un : c'était aujourd'hui chez moi. Il est venu des demoiselles du pays avec une flûte, qui ont dansé la bourrée dans la perfection. C'est ici où les bohémiennes poussent leurs agréments ; elle font des dégognades [danses plutôt relâchées] où les curés trouvent un peu à redire. Mais enfin, à cinq heures, on va se promener dans des pays délicieux ; à sept heures, on soupe légèrement ; on se couche à dix. […] Je me suis assez bien trouvée de mes eaux ; j'en ai bu douze verres: elles m'ont un peu purgée, c'est tout ce qu'on désire. Je prendrai la douche dans quelques jours." 

    La lettre du 20 mai 1676 en entier ici.

     
     La Maison du Roy : Premier Etablissement thermal de Vichy  (gravure extraite du livre d'Arlette de Bennetot )

    La Marquise de Sévigné aux eaux thermales de Vichy

     Première Expérience des douches :

     Lettre du 28 mai 1676 

    Première douche 

    "J'ai commencé aujourd'hui la douche. C'est une assez bonne répétition du purgatoire. On est toute nue dans un petit lieu sous terre, où l'on trouve un tuyau de cette eau chaude, qu'une femme vous fait aller où vous voulez. Cet état, où l'on conserve à peine une feuille de figuier pour tout habillement, est une chose assez humiliante. J'avais voulu mes deux femmes de chambre, pour voir encore quelqu'un de connaissance. Derrière le rideau se met quelqu'un qui vous soutient le courage pendant une demi-heure ; c'était pour moi un médecin de Ganat. […] Il me parlait pendant que j'étais au supplice. Représentez-vous un jet d'eau contre quelqu'une de vos pauvres parties, toute la plus bouillante que vous puissiez vous imaginer. On met d'abord l'alarme partout, pour mettre en mouvement tous les esprits ; et puis on s'attache aux jointures qui ont été affligées ; mais quand on vient à la nuque du cou, c'est une sorte de feu et de surprise qui ne se peut comprendre ; cependant c'est là le nœud de l'affaire. Il faut tout souffrir, et l'on souffre tout, et l'on n'est point brûlée, et on se met ensuite dans un lit chaud, où l'on sue abondamment, et voilà ce qui guérit." 

    La lettre du 28 mai en entier ici 

     Lettre du 1 ier juin 1676

    "J'en suis à la quatrième douche ; j'irai jusqu'à huit, et mes sueurs sont si extrêmes que je perce jusqu'à mes matelas; je pense que c'est toute l'eau que j'ai bue depuis que je suis au monde. Quand on entre dans le lit, il est vrai qu'on n'en peut plus: la tête et tout le corps sont en mouvement, tous les esprits en campagne, des battements partout. Je suis une heure sans ouvrir la bouche, pendant laquelle la sueur commence, et je continue pendant deux heures."

    lettre du 1ier juin en entier ici

     

    Bilan : lettre du 4 juin 1676 ( Madame de Sévigné n'oublie personne .Voir lettre en entier )

    "Je crois qu'en huit jours il est sorti de mon pauvre corps plus de vingt pintes d'eau. Je suis persuadée que rien ne me peut faire plus de bien ; je me crois à couvert des rhumatismes pour le reste de ma vie. La douche et la sueur sont assurément des états pénibles ; mais il y a une certaine demie heure où l'on se trouve à sec et fraîchement, et où l'on boit de l'eau de poulet fraîche ; je ne mets point ce temps au rang des plaisirs médiocres. […] Je n’ai plus les mains enflées, mais je ne les ferme pas ; et comme j’ai toujours espéré que le chaud les remettrait, j’avais fondé mon voyage de Vichy sur cette lessive dont je vous ai parlé, et sur les sueurs de la douche, pour m’ôter à jamais les craintes du rhumatisme : voilà ce que je voulais, et ce que j’ai trouvé." 

    Lettre du 4 juin  en entier ici

     
      

    La Maison du Roy:( construction vers 1630)

    C'est le premier établissement thermal connu depuis la décadence romaine,époque où Vichy était connu sous le nom de Vicus Calidus ( Bourg chaud ).La Maison du Roy était tourné au midi, avec deux chambres carréees.Il y a deux baignoires profondes avec huit degrés pour y descendre.L'eau coule dans des fontaines qui se vident dans un bassin découvert ,derrière la Maison du Roy, pour les commodités des pauvres.

    Autour de ce bâtiment , les habitants de la ville offrent cuvettes, lits , tentes pour soigner.

    Une codification thérapeutique s’élabore sur la façon de boire les eaux, de prendre des douches, de suivre des régimes alimentaires.

     

    Madame de Sévigné faisait de la publicité 

    Ce n'est qu'à la suite des séjours de Madame de Sévigné à Vichy que la Cour connut cette ville.La station connut une vogue extraordinaire et on se passait de main en main les lettres de la Marquise .On les copiait pour connaître la manière de vivre des curistes, mais aussi les potins de la ville thermale.

    Madame de Sévigné avait retrouvé à Vichy l'usage de ses mains pour tenir sa plume.

     

     SOURCES de l'époque : Photocopie tiré du Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Vichy et des environs ( juillet -décembre 1957 )

     

    La Marquise de Sévigné aux eaux thermales de Vichy

     

    La Marquise de Sévigné aux eaux thermales de Vichy

     Où logeait-elle pendant ses séjours à Vichy ?
     
    Pour moi , jusqu'à mes recherches récentes , je croyais qu'elle logeait au Pavillon Sévigné Mais là c'est la controverse car Madame de Sévigné n'a jamais parlé de son lieu de vie dans sa correspondance .Le Pavillon Sévigné n'était pas un hôtel à l'époque , mais une demeure bourgeoise. C'est  ALAIN CARTERET , spécialiste contemporain de l'Histoire de Vichy qui va nous renseigner.  

     " La Marquise venait soigner ses rhumatismes aux mains qui la gênaient pour écrire à sa chère fille, Madame de Grignan. Veuve à 26 ans (son mari est tué en duel pour les beaux yeux d’une autre dame), elle est alors âgée de 50 ans. A-t-elle logé au « Pavillon Sévigné », alors Maison Gravier construite vers 1624 pour la famille Gravier ? Les historiens de Vichy ont longtemps pensé qu’elle aurait résidé à côté, à l’Auberge du Cheval blanc qui deviendra « l’hôtel de l’Ermitage et du Pont neuf » (ensuite maison de retraite jusqu’en 2007). En fait, elle a elle a logé dans la Maison Badoche : emplacement actuel de la Villa paisible (maison de retraite face l’église Saint-Blaise).

     

    Le nom de Pavillon Sévigné n’est donné à l’hôtel qu’en 1838 par son exploitant, Mme Ramin-Chacot. Agrandi et devenu Palace en 1909, il fut même la résidence privée du maréchal Pétain de 1942 à 1944. Après avoir été un hôtel quatre étoiles réputé, le Pavillon Sévigné est fermé en 1995 et transformé en résidence privée (de classe !) en 2002. La façade avec jardin est magnifique à voir de l’extérieur, sur le boulevard Kennedy."

      

    La Marquise de Sévigné aux eaux thermales de Vichy

      Pavillon Sévigné  (  gravure du livre d'Arlette de Bennetot )      

     Peu importe où Madame de Sévigné a habité  en 1676 et 1677 ( pendant quelques semaines ). Voici une vue du Pavillon Sévigné en 2013 sur le site de la ville de Vichy. Cliquez ici .Vous pourrez même faire un tour de Vichy sans avoir froid.

    Toutes les gravures anciennes sont extraites du livre : Madame de Sévigné aux eaux de Vichy par Arlette de Bennetot 1966

    Lettres extraites de:Wikisource Texte établi par Louis Monmerqué, Hachette, 1862 et du livre "Lettres de Vichy "par Madame de Sévigné Bibliothéque mondiale - 1954

    Les livres sont empruntés au Service " Patrimoine " de la médiathèque de Vichy .

     

     

     


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